TROUVER UN SENS À SA VIE

Le sens du sens

Selon Friedrich Nietzsche, « Celui qui a un pourquoi pour vivre peut supporter presque n’importe comment. ». V.Frankl ajoute que l’échec et la souffrance inévitables deviennent tolérables et peuvent prendre place dans l’existence humaine s’ils sont remplis de sens. 

V. Frankl partage : « Face à un destin que nous ne pouvons pas changer, nous sommes appelés à en tirer le meilleur en nous élevant au-dessus de nous-mêmes et en nous dépassant, en un mot, en nous changeant ». Ce qui compte, c’est de tirer le meilleur parti possible de chaque situation, c’est-à-dire un optimisme face à la tragédie : 

– Transformer la souffrance en → réalisation humaine ;
– Trouver dans son sentiment de culpabilité → l’occasion de s’améliorer ;
– Face au caractère transitoire de la vie → agir de façon responsable

L’invitation des existentialistes

“ Nul ne doit chercher de manière abstraite le sens de la vie. Chacun doit trouver au cours de sa vie sa propre vocation ou sa mission spécifique, ce qui demande de s’y impliquer de manière concrète et entière. Chacun est irremplaçable, et aucune vie ne se répète. Ainsi la tâche de chacun est unique, de même qu’est unique sa possibilité de l’accomplir. “ (V. Frankl)

Camus préconise la révolte, d’accepter les conditions comme source de liberté, d’épouser le temps et de s’engager passionnément dans des actions. Selon lui, la révolte permet à l’homme de trouver un sens dans l’accomplissement de son destin, de vivre avec joie malgré l’absurdité de la vie, et de s’affranchir des conventions sociales et morales.

Nietzsche préconise de regarder la vie en face, avec toute l’absurdité qu’elle comporte, à l’état brut, car rien ensuite ne nous empêche de trouver le sens à notre vie, au lieu de nous conformer à une détermination qui nous dépasse. Il ne s’agit pas de questionner le sens cosmique, mais de répondre avec sagesse à ce à quoi le destin/la vie nous confronte. Le sens de la vie est une réponse à donner, une quête à mener, en prenant notre propre vie en main.

Un vrai défi

Chaque combinaison personne/situation est unique et exige grâce à la conscience une réponse unique. La quête de sens de chaque personne est donc fonction d’une évaluation constante. Le sens est donc cherché, découvert ou trouvé, interprétation, il n’est pas donné. 

V. Frankl – le thérapeute et le soin de l’âme

“ Le corrélât de la singularité de l’existence, c’est le fait que chaque être humain est unique. Mais tout comme la mort, en tant que l’imitation temporelle et externe, n’annule pas le sens de la vie, mais constitue plutôt le facteur même qui en donne le sens, les limites intérieures ne font qu’ajouter au sens de la vie. Si tous les êtres humains étaient parfaits, alors chaque individu serait remplaçable par n’importe quel autre. De l’imperfection des êtres humains, il résulte que l’individu est indispensable, et qu’il n’est pas interchangeable, puisque chacun est imparfait à sa manière. Aucun être humain n’est universellement doté de talents, mais les différents côtés de l’individu lui confèrent son unicité. »

L’existence d’une personne se développe et se joue sur deux axes qui se croisent

– L’axe échec/succès (réussite sociale) qui se réfère à des normes relativement objectives (plaisir/pouvoir/santé/chance = réussite ; frustration/pauvreté/maladie/malheur = échec).

– L’axe désespoir / accomplissement (réussite personnelle) qui est lui directement subjectif puisqu’il découle du sentiment d’alignement avec nos valeurs.

“ Parce qu’il est marqué par sa finitude, l’être humain existe selon l’esprit du projet et l’espoir de son accomplissement “ – V. Frankl – le thérapeute et le soin de l’âme

Distinguer le bon message

Il est important de prêter attention aux messages intérieurs émanant de deux dimensions distinctes :

– La représentation  intégrée de la norme sociale –>Censure/Devoir
– L’âme ou la faculté de perception intuitive des valeurs –>Appel/Responsabilité 

Exemples de valeurs universelles (Shalom Schwartz)

L’autonomie, la stimulation, l’hédonisme, la réussite, le pouvoir, la sécurité, la tradition, la bienveillance, l’universalisme, etc.

Trois catégories de raison de vivre

“(1) ce que l’individu accomplit ou donne au monde en termes de création personnelles. (2) ce que l’individu prend au monde en termes de rencontres et d’expériences. (3) le comportement qu’il adopte envers la souffrance, envers un destin qu’il ne peut changer.” – Irvin yalom selon Frankl

NOTRE RESPONSABILITÉ, NOTRE DEVOIR

Responsabilité et engagement

Selon les existentialistes, chacun est responsable de donner un sens à sa vie, en créant des choix et en assumant les conséquences de ses actions.

“ C’est La vie elle même qui pose des questions à l’être humain […] il n’appartient pas à l’être humain de la questionner, il doit plutôt reconnaître qu’il est questionné, questionné par la vie ; et il doit répondre en étant responsable ; il peut répondre à la vie en répondant à sa vie. “ V. Frankl – le thérapeute et le soin de l’âme 

C’est en engageant pleinement notre existence que nous pouvons trouver un sens et une valeur à notre vie malgré le caractère incertain et imprévisible du monde.

Ce que nous pouvons faire c’est choisir la réponse que nous allons apporter à ce qui nous est donné, le sens que nous allons attribuer à la situation et la direction que nous allons donner à notre vie sur cette base.

Devenir un philosophe

Ce qui compte pour Nietzsche, c’est que nous soyons conscient que cette vision du monde est une production de notre esprit, une interprétation personnelle de la réalité qui n’est possible que parce que nous sommes activement sceptiques. L’ordre que nous croyons voir dans le monde est le fruit de notre besoin d’organiser le chaos dont il est fait. Être un philosophe consiste donc à apprendre, adopter et tester autant de perspectives différentes que possible pour obtenir une meilleure image de la vérité, tout en restant conscient que celle-ci demeurera insaisissable.