L’angoisse existentielle
Søren Kierkegaard
« L’angoisse n’est pas la réponse au fait de se trouver ‘jetée’ au monde, mais c’est au travers de l’angoisse que l’on se rend compte qu’on a été jété ».
« […] éviter l’angoisse à un prix : soit on se noie en elle, soit on devient insensible à l’existence et il devient impossible de vivre réellement ».
L’angoisse existentielle caractérise l’expérience vécue d’une incertitude relationnelle, d’un ressenti d’incomplétude et de potentialité perpétuelle : une ouverture aux possibilités d’expériences de vie.
Contexte
Notre évolution d’une société féodale à une société capitaliste moderne engendre une nouvelle forme de liberté individuelle. Par l’absence d’autorité (politiques, religieuses ou idéologiques), cette liberté créé un sentiment d’isolement, de solitude et d’incertitude, qui peut susciter de la peur. Les individus se sentent étranger à leur propre être, perdus entre l’individualisme et la conformité, ce qui accroît leur angoisse.
La liberté est de nature paradoxale
L’angoisse qui accompagne la liberté est appréhendée à la fois comme attrayante et répulsive, comme fascinante et effroyable.
L’angoisse est le vertige de la liberté
Face à toutes les possibilités de la vie, nous nous trouvons sur une falaise métaphorique à l’aplomb d’un abîme, conscients de la possibilité effrayante d’être capable de choisir. L’angoisse saisit l’individu qui se sait devant la possibilité de se perdre et de fauter, libre et responsable de son engagement et de ses choix, « jeté » et « vers la mort ».
Selon Erich Fromm, « La liberté est une source d’angoisse, non seulement parce qu’elle oblige l’individu à prendre des décisions sur lui-même, mais aussi parce qu’elle le place en face de sa solitude fondamentale et de son isolement. »
Une expérience difficile
L’angoisse provoque des sentiments de désespoir, de confusion et de désorientation. Elle peut-être terrifiante, extrêmement intense, de l’ordre de l’insupportable.
Une nécessité
L’angoisse est un “sine qua non” de l’existence, elle est en quelque sorte l’énergie de vie requise pour créer quelque chose à partir de rien, un stimulant produisant et alimentant la vie. C’est un peu comme si le chaos et l’ordre devaient aller de pair pour se maintenir en vie.
Un choix
Chaque homme tente d’assumer les limites et les défis de sa condition, sources d’angoisse, en les refusant par le déni, en les esquivant par la rationalisation, en s’y soumettant par la démission ou en les dépassant par le « courage de vivre angoissés ».
Un échappatoire
« L’homme qui échappe à sa solitude par la soumission et l’obéissance, qui se rend à l’autorité, choisit une solution qui est psychologiquement naturelle pour lui, car elle offre une échappatoire à l’angoisse. »
Accepter l’anxiété
En acceptant l’anxiété, c’est-à-dire la vulnérabilité et l’incertitude, l’anxiété demeure, elle ne peut-être évitée.
L’anxiété peut être alors vécue comme un appel à la réalisation qui donnera du sens et de la valeur à notre existence. Stimulante, elle peut réveiller ou améliorer notre connexion au fait d’être en vie et susciter notre créativité. Des expériences ressenties telles que la curiosité, le désir, l’espoir et ou l’empathie, sont toutes des variations de l’angoisse existentielle.
En thérapie
L’anxiété peut-être réduite à un niveau vivable, où elle peut alors être utilisée comme une stimulation pour aiguiser l’envie de vivre pleinement sa vie. Erich Fromm nous partage que « L’angoisse de la liberté peut être transcendée, non pas en éliminant la liberté, mais en utilisant celle-ci de manière constructive pour exprimer notre potentiel humain. »
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