Le désespoir

par | 6 Août, 2024 | Uncategorized

Qu’est-ce que le désespoir ?

 

– Le désespoir est une expérience émotionnelle profonde et complexe qui découle de la confrontation avec les aspects difficiles et inévitables de la condition humaine : la liberté, la responsabilité, l’absurdité, la finitude, l’angoisse, l’isolement, la quête d’authenticité et de sens. 

– Le désespoir est une fuite en dehors de nous-même qui repose sur une incapacité à être pleinement avec soi et un refus d’assumer la responsabilité de qui nous sommes. C’est se savoir loin de ce que nous aurions « pu », ou « du » être, il repose sur la nostalgie d’un « moi possible » inaccessible -> Nous désespérons de ne pas être ce que nous aurions pu être, ou de ne pas vivre ce que nous aurions pu vivre si nous avions été différent ou si nous avions agit différemment, en somme, si notre existence avait été autre que ce qu’elle est. 

– Le désespoir traduit un malaise existentiel qui repose sur l’incapacité de la conscience à prodiguer au moi une identité fixe.

Attitude

Désespérer consiste à se blâmer en raison de notre incapacité à contrôler le flux de l’existence. A force de situations vécues comme des « échecs » ou de manifestations de nos « défauts » ou « insuffisances », nous procédons petit à petit à la généralisation d’évaluations que nous portons sur nous-mêmes pour aboutir à des jugements inconditionnels. Ces évaluations reposent toutes sur le présupposé que la caractéristique en question relève de notre identité, d’une défaillance intrinsèque de notre moi avec laquelle nous sommes condamnés à vivre et qui de ce fait nous coupe d’un certain nombre de possibilités.

Au lieu de questionner notre manière d’exister, nous remettons en cause la valeur de notre être. 

Autre attitude plus grave

Désespérer peut consister aussi à ne plus vouloir être soi-même. Le cercle vicieux est le suivant : d’un côté le désespéré désespère d’un soi dont il voudrait pouvoir se distancier, mais d’un autre côté le fait de penser à cela ne fait que le rapprocher de ce soi, augmentant ainsi le désespoir.

Pourquoi est-il si difficile de parvenir à être soi, 

ou plutôt de choisir de n’être que soi?

LES RAISONS

Le mal de notre société

Il est habituel de considérer la souffrance comme une « anomalie », comme le signe d’un dysfonctionnement qui doit être corrigé. Le bonheur serait le but de la vie. Nous présupposons que notre nature est celle d’un être dépouillé de souffrance, celle d’un être « fait pour être heureux ». 

Une quête destructrice

Dans ces définitions de la souffrance et du bonheur, si quelque chose ne va pas, cela signifie que nous sommes coupés d’une part de notre « heureuse » nature, que nous ne sommes pas pleinement nous-mêmes, pas normaux, et que de ce fait, nous devons partir à la recherche de notre « vrai moi ». Seulement, je ne peux jamais savoir ce que serait ce « vrai moi », le moi est un devenir qui ne peut se saisir lui-même. L’homme n’est pas, il évolue, il devient, il existe. L’existence ne consiste donc pas à « retourner » vers une nature heureuse, mais à s’engager passionnément dans un mouvement de choix de soi.

Nous subissons la souffrance

Nous percevons la souffrance comme une forme de fatalité que nous subissons passivement. La souffrance n’est pas vue comme venant de nous, mais comme un événement qui se heurte à nous.

TRANSCENDER LE DESESPOIR

Un potentiel moteur

Le désespoir ne s’accompagne pas nécessairement de souffrance, de mélancolie ou de dépression. Il peut aussi servir de moteur à l’ambition, à la révélation d’une aspiration tout autant qu’il peut engendrer de la souffrance.

La clef

L’enjeu de l’existence est de parvenir à adopter un désespoir actif, qui consiste à apprendre à ne plus exiger ce qui ne dépend pas de nous, à trouver le juste équilibre entre fatalisme et idéalisme.

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